Les mécanismes inflammatoires et leurs contrôles apparaissent comme de plus en plus responsables de la sévérité et de la morbidité de la Covid19. Les études épidémiologiques des personnes décédées du coronavirus montrent que mis à part l’âge beaucoup souffraient de maladies chroniques et de pathologies cardio-vasculaires. Bien que pouvant être d’origine génétique, la plupart de ces maladies sont souvent le fruit d’une inflammation latente provoquée par les habitudes de notre mode de vie moderne.
Exemple d’inflammation causée par une blessure
Inflammation : Généralités
L’inflammation est une réponse physiologique de défense à une agression d’origines diverses (pathogène, simple coupure ou allergène). Rougeur, gonflement sont caractéristiques d’une inflammation.
Contre un pathogène, la réaction inflammatoire s’organise en différentes étapes. D’abord produit de l’immunité innée, elle est menée par des cellules d’intervention rapide qui agissent contre n’importe quel agent infectieux sans apprentissage préliminaire. Il s’agit des leucocytes, granulocytes ou monocytes. Ces derniers capables de se différencier en macrophage participent avec les granulocytes à la phagocytose. Les cellules NK (Natural Killer) et les cellules dendritiques interviennent également. Les premières en supprimant toute cellule infectée par un virus, les secondes en prenant les empreintes antigéniques de l’envahisseur.
Cette phase peut suffire à l’élimination d’un pathogène. Si l’infection perdure, de nouveaux acteurs rentrent plus tardivement en scène. Témoin de l’immunité adaptative, il s’agit des lymphocytes B et T spécifiques d’un agent infectieux et éduqué à le reconnaitre par les cellules dendritiques, présentatrice de l’antigène, ayant migré depuis les lieux de l’inflammation vers les ganglions lymphatiques en rapportant les preuves antigéniques de l’agent infectieux.
Les cellules impliquées dans la réaction inflammatoire émettent des substances appelées les médiateurs de l’inflammation qui interviennent dans le démarrage, le contrôle et l’amplification de la réaction inflammatoire. Ces substances aussi diverses que variées comprennent aussi bien des cytokines, des prostaglandines et des leucotriènes, l’histamine, des radicaux libres et beaucoup d’autres molécules. Pour la Covid19, les marqueurs majeurs sont l’Interleukine 6, 2, 7 et 10, le G-CSF et le TNFα.
Le processus inflammatoire est habituellement bénéfique, éliminant l’agent pathogène et réparant les lésions tissulaires, mais il connaît parfois une évolution néfaste comme dans le cas de la Covid-19 (voir notre article Choc Cytokinique).
Les cellules victimes d’inflammation aiguë voient leur activité perturbée, Il est donc essentiel que pour être efficace, la réaction inflammatoire soit localisée et de courte durée. Cette inflammation devenue chronique agirait silencieusement en désorganisant durablement les cellules ou les tissus qui en sont la cible. De plus, les études ont montré qu’une inflammation persistante est propice à l’activation de certains virus (comme le VIH).
Lors de la phase d’initiation de l’inflammation, les cellules infectées libèrent des substances pro-inflammatoires qui induisent une vasodilation (rougeur), une augmentation de la perméabilité des vaisseaux (enflure, œdème). Ces substances attirent les leucocytes (chimiotactines) et activent les cellules effectrices primaires (macrophages, cellules NK). Avec le SARS-Cov2, on détecte un fort pic d’Interféron γ situé entre le premier et le troisième jour. |
L’inflammation chronique
Différents facteurs sont à l’origine de l’inflammation chronique :
- Le tabac, la consommation d’alcool
- L’obésité, les maladies cardiovasculaires
- Régimes riches en sucre et en aliments transformés
- Certains médicaments
- Des facteurs environnementaux (la pollution, l’exposition aux pesticides et aux produits chimiques industriels)
L’inflammation chronique est un problème majeur de santé publique puisque à l’origine des maladies modernes connues (maladie cardio-vasculaire, diabète de type II, certains cancers et bien d’autres).
Athérosclérose : Dépôt de lipides ou de minéraux sur les parois artérielles entrainant la perte d’élasticité ainsi que la diminution du calibre des artères pouvant aller jusqu’à la formation de thromboses |
Concernant les maladies cardio-vasculaires, l’inflammation qui règne à la surface des cellules endothéliales des vaisseaux sanguins, joue un rôle essentiel dans l’apparition de ces maladies. Des marqueurs de l’inflammation sont présents à forte concentration dans les échantillons sanguins de patients atteints d’athérosclérose.
SARS-Cov2 un virus s’attaquant d’abord au système cardio vasculaire
D’abord perçu comme un virus s’attaquant au système respiratoire et digestif, SARS Cov 2 s’attaque aussi largement au réseau vasculaire : c’est ce que tendent à montrer les examens post-mortem pratiqués sur les victimes de la Covid-19 par les médecins Suisses et Allemands.
La plupart des victimes de la Covid-19 présentaient des antécédents cardio-vasculaires .
Étant associées le plus souvent à un état inflammatoire chronique, les pathologies cardiovasculaires rendraient ces patients particulièrement sensibles à une infection virale et en particulier celle qui nous touche actuellement avec le SARS-Cov2.
En entrant dans les cellules endothéliales vasculaires par l’intermédiaire du récepteur ACE2, le virus provoque une inflammation systémique des vaisseaux sanguins entrainant de graves perturbations de la circulation sanguines et un état prothrombotique avec de sérieuses conséquences : obstruction des artères, embolie pulmonaire, ou encore défaillance des organes nobles (cerveau, cœur, reins) pouvant entrainer la mort.
Ces observations ouvrent de nouvelles perspectives tant au niveau curatif que préventif. Curatif par l’utilisation d’anticoagulants comme moyen d’empêcher les thromboses. Préventif par l’analyse quotidienne des marqueurs de la coagulation dans les échantillons sanguins des personnes atteintes de la Covid-19 et cela avant même que les symptômes sévères comme la dyspnée apparaissent.
Les D-dimères sont issus de la dégradation de la fibrine, une protéine impliquée dans la coagulation sanguine. |
Les D-dimères sont un de ces marqueurs. Leur concentration est corrélée avec sévérité de la maladie. Des patients présentant une forme sévère de la covid-19 présentaient des taux supérieurs à 500ng/ml à l’admission. Une augmentation importante de ce taux est liée à un risque mortel à moyen terme.
Covid 19, inflammation et nutrition
A un niveau nutritionnel, les données épidémiologiques ont montré que les patients les plus sévèrement atteints avaient des carences en oméga 3, vitamine D, Zinc, ainsi qu’en vitamine K.
Le Zinc est un nutriment essentiel. Il participe en particulier au bon fonctionnement du système immunitaire et aiderait à combattre les virus dont certains à tropisme respiratoire cependant les études ne sont pas toutes concluantes. |
La vitamine D, en plus d’être essentielle à la bonne santé des os, stimule l’activité de l’immunité innée et la synthèse des cytokines anti-inflammatoires. Cependant, en traitement curatif contre la polyarthrite rhumatoïde, la prise de vitamine D n’a montré aucun effet anti-inflammatoire. |
Les omégas 3 ont démontré leurs bénéfices et sont largement utilisés en prévention des maladies cardio-vasculaires. |
La vitamine K2 empêche les dépôts de calcium dans les artères et aide donc à la bonne santé cardio-vasculaire. La vitamine K1 retrouvée dans les légumes verts joue également un rôle protecteur du système cardio-vasculaire. |
Or ces nutriments participent au bon fonctionnement du système immunitaire ainsi qu’à la bonne santé du système cardiovasculaire (voir l’encadré).
Une alimentation riche en vitamine K2 semble avoir des effets protecteurs contre le coronavirus. Les chercheurs néerlandais et japonais ont constaté que les grands consommateurs de produits fermentés comme les fromages à pates tendres ou de natto (soja fermenté), étaient moins touchés par le SARS-cov2 ou développaient des formes moins graves.
Ces informations ne sont que des observations, aucun lien de causalité n’a été démontré entre ces carences et la sévérité de la Covid-19.
Dans ce contexte, enrichir son alimentation habituelle d’aliments reconnus pour leurs bienfaits protecteurs du système cardio-vasculaire par leurs activités anti-inflamatoires peut apparaitre comme moyen de prévention générale contre la plupart des maladies chroniques à caractère inflammatoire, dont les formes graves liées au SARS-Cov 2. Ceci va dans le sens des recommandations faites par les professionnels de santé privilégiant une alimentation riche en fruits et légumes et poissons gras et pauvre en sucre ou produits transformés.
Principaux organes touchés par la Covid-19 (en bleu)
Conclusion
D’abord assimilé à un virus s’attaquant qu’aux voies respiratoires, SARS-Cov-2 apparait plus systémique en touchant également le système vasculaire. Dans son développement, les mécanismes de l’inflammation jouent clairement un rôle central et conditionnent tant la sensibilité de l’organisme à l’infection que le prognostique des formes sévères de la maladie. Si la recherche avance vite, il n’existe pour l’heure aucun traitement efficace faisant l’unanimité. Aussi il est important de respecter les gestes barrières seuls capables de freiner l’épidémie.
Interchim® supporte la recherche sur ces mécanismes et acteurs de l’inflammation : cellules, vaisseaux, modifications de la matrice extracellulaire, médiateurs chimiques.
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